L'institution en crise ou l'institution en question ?, Georges Gaillard
Infos pratiques
le Mercredi 8 Avril 2009, 18:30 - 18:30
Description
Conférence organisé par l'association ERACLIS
L’INSTITUTION, du soin, du social et de l’éducation, AU RISQUE DES MUTATIONS CONTEMPORAINES DE LA CRISE À LA RÉGULATION
Les institutions du soin, du social et de l’éducation, traversent une période d'intenses restructurations qui les mettent en crise et détruisent les équilibres antérieurs. Les mutations du contexte socio-historique, la pression économique, l’idéologie managériale – à travers ses protocoles et procédures – mettent en péril les missions de ces institutions. Dans le même temps, les symptômes des usagers se modifient et se font plus complexes, en échos amplificateurs des transformations et du malaise qui agitent le corps social.
Dans un tel contexte de complexification, le sens du travail perd de sa lisibilité pour les professionnels et les équipes. On assiste à une inflation de la plainte des professionnels à l'égard de leurs institutions, à une montée en puissance des conflits, à des tentations de cadrages autoritaires ou de démission de la part des responsables, etc. Les liens au travail se font souffrants et portent atteinte à la qualité du service rendu aux usagers. La tâche primaire (soigner, accompagner, etc) est menacée de désinvestissement.
Quel accueil et quelle prise en compte de la souffrance d’un usager-sujet dans ce contexte ?
Les institutions spécialisées du soin, du travail social et de l'éducation sont de véritables caisses de résonance des mutations sociales. Il s'agit donc de penser l'impact exercé par la marche du monde, par le cours des choses et par les idéologies dominantes, sur les institutions ? Comment la structure de chaque institution est affectée par les mutations du politique (celui du vivre ensemble), et par les transformations exigées par les politiques publiques ?
Comment, dans ce climat de déstabilisation des professionnels et d'attaque de la pensée, soutenir et permettre la réalisation de la tâche primaire?
Pour donner de la lisibilité à cette « crise » institutionnelle, il est nécessaire de penser les régulations possibles.
Les travaux de Georges Gaillard relatifs à la clinique des institutions prennent appui sur un large ensemble de recherches : René Kaës, Paul Fustier, Eugène Enriquez, Jean Pierre Pinel, Emmanuel Diet, Nathalie Zaltzman, etc. Il nous proposera de nous rendre attentifs aux processus qui participent au travail de régulation, au "Kulturarbeit", au travail de la « civilisation » qu'accomplissent les professionnels au travers des prises en charge des différent "usagers".
Au titre des régulations, mentionnons la nécessité de processus auto-réflexif au sein des équipes (analyse de la pratique ou supervision, régulations institutionnelles, etc.), le travail d’historisation (travail psychique d’inscription dans la chaîne généalogique et temporelle), et la tolérance à des conflictualités vivifiantes, à partir d'une pensée qui prenne en compte la déliaison au sein de ces institutions.
Lorsqu'un groupe professionnel parvient à se vivre comme suffisamment créatif lorsque son narcissisme groupal est fondé sur la qualité des prises en charge qu'il réalise auprès des « usagers » (le soin, l'accompagnement), chacun peut se reconnaître dans ses appartenances (à son équipe, à son service, à son institution en tant que cadre intériorisé). Les dynamiques persécutrices peuvent alors être maintenues dans une distance « suffisante », elles n'envahissent plus l'ensemble des espaces et n'empêchent pas la centration sur la tâche primaire, l'indispensable prise en charge des « usagers ».
Informations: Tél. 0262.353.953
Georges Gaillard est Maître de conférences, CRPPC, Institut de Psychologie, Université Lumière Lyon 2. Psychanalyste