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V. LUCAS : Psychothérapie et InterCoPsychos

Communication le 20 mars 2004


Rédigé le Dimanche 25 Avril 2004 à 00:00 | Lu 374 commentaire(s)



L’association InterCoPsychos est en elle-même toute jeune, elle date du 8 février dernier. Son objet est simple : elle coordonne des collectifs de psychologues, dont certains sont nettement plus anciens, le premier ayant été créé à Clermont-Ferrand le 15 décembre 2003 à l’initiative de Jean-François Cottes. Jean–François Cottes, président de notre association, est retenu à Clermont-Ferrand par ses activités et ne peut être là aujourd’hui.

Ces dates vous évoquent bien sûr l’amendement Accoyer, la découverte pour nombre d’entre-nous qu’une série de rapports, de projets de lois ou de réglementations visent à transformer radicalement notre activité professionnelle dans un sens très précis.

A ce jour trente-cinq collectifs de l’InterCoPsychos rassemblent en France plusieurs centaines de psychologues de toutes orientations et de tous modes d’exercice. Ils luttent contre les amendements Accoyer et Mattei, le plan Cléry-Melin, la machine évaluatrice, l’instrumentalisation des psychologues comme outils de contrôle social. Ils défendent le titre unique de psychologue, le code de déontologie de la profession, la pluralité des pratiques et des choix de formation, l’autorégulation de la profession. Leur action se fait sur le terrain médiatique, administratif et politique. Vous trouverez dans la salle notre appel, intitulé “ Psychologues concernés ”.

Quelle lecture faisons-nous des amendements Accoyer et Mattéi, du Plan Clery-Melin, du rapport de l’Inserm, et de tous les autres rapports où ils puisent ? Quelle lecture en faisons-nous précisément au sujet des psychothérapies, qui représentent une partie de nos activités ?
Nous y lisons simplement la programmation de la disparition de notre profession, telle que nous la voulons, et à laquelle nous sommes attachés. Disparition au profit d’une nouvelle, définie dans la “ Fiche Métier ” de la Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins. Je cite : “ Définition du métier : Evaluer et diagnostiquer les troubles de comportement, émotionnels et cognitifs des patients et assurer leur prise en charge thérapeutique. ”

On veut faire des psychothérapies des actes médicaux, accomplis par des paramédicaux, pour traiter des dits “ troubles ” disjoints d’un sujet dont l’existence même est jetée aux oubliettes. Ces thérapies médicales, qui se débarrassent de leur préfixe “ psycho ” jugé trop encombrant, seront concédées sur prescription à certains psychologues devenus personnels de santé, à condition qu’ils les appliquent à la lettre, telles qu’elles auront été standardisées par des “ experts ”, qui en définiront l’évaluation pour en vérifier la conformité.

On veut que les psychothérapies rééduquent les troubles sociaux, et même les traitent avant qu’ils n’apparaissent, dans une nouvelle prévention prête à piétiner toute idée de confidentialité pour espérer obtenir un silence social.

On veut que les psychothérapies soient enseignées dans les universités, attendant d’elles qu’elle garantissent des Certificats d’Aptitude Professionnelle en psychothérapie.

En un mot, on veut que les psychothérapies fassent enfin taire ce qui dans l’homme ne se domestique pas et cherche une expression singulière.

La psychothérapie, comme notre profession le représente si bien, n’appartient pas à la médecine. Ce point n’est pas négociable. La psychothérapie est une offre qui rencontre une demande. Cela nous fait déjà trois éléments non standardisables — l’offre, la demande, la rencontre —, trois singularités. Ce point n’est pas négociable non plus. L’offre a le style de celui qui la fait ; la demande nécessite que le psychothérapeute aide à lui trouver une juste formulation ; la rencontre restera toujours dépendante de l’aptitude des deux acteurs à la produire. Ce qui garantit ces processus n’est pas un diplôme universitaire, un savoir pour tous qui vaudrait pour tous, mais au contraire la responsabilité de savoir qu’il y a là quelque chose qui ne s’est jamais produit et ne se reproduira jamais, dont il faut se débrouiller seul. C’est pour supporter cela, dans tous les sens du terme, que nous nous formons tout au long de notre vie professionnelle.

La psychothérapie n’appartient pas aux psychologues de telle ou telle orientation théorique. Elle n’appartient pas non plus aux psychologues. Du public vient une demande qui s’adresse au “ psy ”. “ Psy ”, c’est le nom que nous donnent nos patients, les sujets qui s’adressent à nous. Ce nom nous acceptons de le porter. Les psychologues organisés dans l’InterCoPsychos reconnaissent cette “ modernité ”. Nous reconnaissons également que si nous sommes en force aujourd’hui, c’est parce que des “ psys ” ont dit non à cet avenir de la psychothérapie que l’on voulait nous imposer, à nous aussi. Dès sa naissance l’InterCoPsychos a demandé à rejoindre la “ Coordination Psy ” avec laquelle il travaille. Nous souhaitons que cette force perdure, et donc que la question des psychothérapies ne soit pas traitée uniquement d’un point de vue corporatiste ; nous souhaitons que les “ psy ” : psychiatres, psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues, débattent, échangent, fassent part des exigences qui permettent qu’ils se reconnaissent comme participant d’un champ commun, qui permettent qu'ils se rassemblent autour, non de standards, mais de principes éthiques et déontologiques, communs aux psychothérapies relationnelles dans le champ de la parole. C’est pourquoi il nous apparaît que, puisque c’est l’actualité, si nous ne pouvons obtenir le retrait de l'amendement Mattei ou la demande du report du vote et la mise en place d'une mission d’information parlementaire qui auditionne et rende un rapport, alors l'amendement Gouteyron est celui qui compromet le moins notre avenir, voire constitue une intervention de l’Etat qui nous permettrait d’être plus forts face à une menace qui dépasse largement le cadre de notre pays.


L’Inter-Collectifs des psychologues, InterCoPsychos



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