Le congrès de la FFPP du 11 Septembre dernier fut aussi étrange qu’un conte d’Andersen. Annonce publique ultra confidentielle, fréquentation ultra limitée (ne dépassant pas la soixantaine de participants pour une assemblée pourtant ouverte à tous et destinée à fonder en légitimité le regroupement des organisations de la profession), absence de la SFP acteur majeur et historique de la profession (représentée dans la salle mais non adhérente à la FFPP), silence pesant du SNP pourtant principal membre de la FFPP, défaut d’accusé réception des critiques s’exprimant aussi bien de l’intérieur de la fédération que de l’extérieur, carence totale d’analyse et de réflexion critique sur l’incapacité persistante de la FFPP à rassembler les principales organisations de la profession …
Alors même qu’au sein du SNP, tout débat relatif à la FFPP provoque des crises de nerf dont la dernière s’est soldée par un blocage complet (voir la "tribune libre" de la dernière livraison de Psychologues et psychologie), le congrès de la FFPP, lui, s’est tenu dans une ambiance étrangement lisse. Un peu surréaliste. Comme s’il fallait convaincre d’une "absence" de difficultés.
C’est mission accomplie. Avec ce congrès, tout le monde a pu constater qu’il n’y avait pas de problème au sein de la FFPP. Qu’il n’y avait, ou qu’il n’y avait plus, de crispation. Et que désormais la FFPP pourrait sereinement représenter la profession auprès des pouvoirs publics, représenter la profession auprès des instances européennes, et organiser de grandes journées d’étude ou autres états généraux.
Tout le monde peut y voir…
C’est mission accomplie. Avec ce congrès constitutif, tout le monde a pu voir qu’hormis le SNP réduit au silence par l’effet du blocage interne évoqué plus haut et l’AEPU bien faiblement mobilisée, la FFPP ne rassemblait en fait que des associations bien modestes et dont les effectifs n’ont pas été divulgués (certains n’atteignant pas la dizaine de cotisants). Tout le monde a pu voir que ni la SFP, ni d’autres organisations pourtant actives et dynamiques, ni les psychologues des groupes des centrales syndicales… n’étaient toujours pas associés à la FFPP. Tout le monde a pu voir que le SNP qui représente environ 4/5ème des membres de la FFPP ne disposait que de dix mandats sur un total de vingt-six. Tout le monde a pu voir que des organisations ne disposant pas du nombre d’adhérents requis par les statuts de la FFPP ont pourtant bien pris part aux votes en cours de journée. Tout le monde a pu mesurer le degré de fermeture à toute réflexion critique et à toutes propositions d’ajustement du fonctionnement de la FFPP. Tout le monde a pu voir à quel point en dépit de son échec patent à rassembler l’essentiel des organisations de la profession, la FFPP entend néanmoins continuer à se profiler comme "la représentante" de la profession de psychologue.
… un théâtre d’ombre
Un congrès professionnel permet normalement de prendre la mesure des aspirations des uns et des autres. D’évaluer les tendances, les oppositions et les possibilités de synthèse. Avec la FFPP, un congrès professionnel devient une sorte de théâtre d’ombre. Avec des rôles de muets, avec des rôles d’absents. Le tout permettant un unanimisme confondant de ne s’exprimer sur rien d’autre que sa pérennisation. Les discussions qui concernent directement l’avenir de la profession sont traitées à la façon d’oracles énigmatiques. Ainsi, la FFPP a d’abord fait savoir qu’elle était favorable à la première version de l’amendement Accoyer qui médicalisait promptement les psychologues. Puis, elle a menacé d’un recours en bonne et due forme si le titre de psychothérapeute était adopté. Et pour finir lors de son congrès, la FFPP a fait savoir qu’elle acceptait le texte définitif devenu l’article 52 de la loi de politique de santé publique du 9 Août 2004. Pourquoi ces changements à 180 ° ? Avec quels arguments, au terme de quelles concertations… ? Les participants au congrès n’ont pas eu l’avantage d’être éclairés sur ces questions !
A la suite de ce congrès, il est temps de dire que la FFPP n’a pas su rassembler la profession. Il est temps de dire que la FFPP ne représente qu’elle-même, mais certes pas la profession. Le conte d’Andersen que les aléas évoqués ici rappellent, est celui qui se termine par ce cri de vérité lancé par un enfant : "mais, le roi est nu !"
Emmanuel Garcin
Octobre 2004
Alors même qu’au sein du SNP, tout débat relatif à la FFPP provoque des crises de nerf dont la dernière s’est soldée par un blocage complet (voir la "tribune libre" de la dernière livraison de Psychologues et psychologie), le congrès de la FFPP, lui, s’est tenu dans une ambiance étrangement lisse. Un peu surréaliste. Comme s’il fallait convaincre d’une "absence" de difficultés.
C’est mission accomplie. Avec ce congrès, tout le monde a pu constater qu’il n’y avait pas de problème au sein de la FFPP. Qu’il n’y avait, ou qu’il n’y avait plus, de crispation. Et que désormais la FFPP pourrait sereinement représenter la profession auprès des pouvoirs publics, représenter la profession auprès des instances européennes, et organiser de grandes journées d’étude ou autres états généraux.
Tout le monde peut y voir…
C’est mission accomplie. Avec ce congrès constitutif, tout le monde a pu voir qu’hormis le SNP réduit au silence par l’effet du blocage interne évoqué plus haut et l’AEPU bien faiblement mobilisée, la FFPP ne rassemblait en fait que des associations bien modestes et dont les effectifs n’ont pas été divulgués (certains n’atteignant pas la dizaine de cotisants). Tout le monde a pu voir que ni la SFP, ni d’autres organisations pourtant actives et dynamiques, ni les psychologues des groupes des centrales syndicales… n’étaient toujours pas associés à la FFPP. Tout le monde a pu voir que le SNP qui représente environ 4/5ème des membres de la FFPP ne disposait que de dix mandats sur un total de vingt-six. Tout le monde a pu voir que des organisations ne disposant pas du nombre d’adhérents requis par les statuts de la FFPP ont pourtant bien pris part aux votes en cours de journée. Tout le monde a pu mesurer le degré de fermeture à toute réflexion critique et à toutes propositions d’ajustement du fonctionnement de la FFPP. Tout le monde a pu voir à quel point en dépit de son échec patent à rassembler l’essentiel des organisations de la profession, la FFPP entend néanmoins continuer à se profiler comme "la représentante" de la profession de psychologue.
… un théâtre d’ombre
Un congrès professionnel permet normalement de prendre la mesure des aspirations des uns et des autres. D’évaluer les tendances, les oppositions et les possibilités de synthèse. Avec la FFPP, un congrès professionnel devient une sorte de théâtre d’ombre. Avec des rôles de muets, avec des rôles d’absents. Le tout permettant un unanimisme confondant de ne s’exprimer sur rien d’autre que sa pérennisation. Les discussions qui concernent directement l’avenir de la profession sont traitées à la façon d’oracles énigmatiques. Ainsi, la FFPP a d’abord fait savoir qu’elle était favorable à la première version de l’amendement Accoyer qui médicalisait promptement les psychologues. Puis, elle a menacé d’un recours en bonne et due forme si le titre de psychothérapeute était adopté. Et pour finir lors de son congrès, la FFPP a fait savoir qu’elle acceptait le texte définitif devenu l’article 52 de la loi de politique de santé publique du 9 Août 2004. Pourquoi ces changements à 180 ° ? Avec quels arguments, au terme de quelles concertations… ? Les participants au congrès n’ont pas eu l’avantage d’être éclairés sur ces questions !
A la suite de ce congrès, il est temps de dire que la FFPP n’a pas su rassembler la profession. Il est temps de dire que la FFPP ne représente qu’elle-même, mais certes pas la profession. Le conte d’Andersen que les aléas évoqués ici rappellent, est celui qui se termine par ce cri de vérité lancé par un enfant : "mais, le roi est nu !"
Emmanuel Garcin
Octobre 2004