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NORMAND Michel : Le projet de décret d'application de la loi du 9 août 2004 : un projet inacceptable !


Rédigé le Samedi 11 Février 2006 à 00:00 | Lu 351 commentaire(s)



Avec les Forums psys, le combat que nous avons mené avait conduit à rejeter l’amendement du député Accoyer. Celui-ci, rappelons-le, prétendait apporter une définition officielle, médicale et exhaustive de la psychothérapie. Il voulait également standardiser les méthodes de traitement de la souffrance intime selon des critères de prescription et d’évaluation laissés aux seuls experts de l’ Haute Autorité de la Santé ( ex. ANAES) et de l’ INSERM (cf. Plan d’actions pour le développement de la psychiatrie et de la santé mentale, mission Cléry-Melin) .

Après plusieurs propositions de modifications apportées par les sénateurs, un nouvel amendement a été promulgué en loi le 9 août 2004 qui, dans son article 52, régit non plus la définition de la psychothérapie mais l’usage du titre de psychothérapeute. Cette loi est contradictoire dans ses termes puisque d’un côté, elle subordonne cet usage du titre à l’inscription de droit à certains professionnels (dont les psychologues), et de l’autre, elle conditionne cette mêmes inscription à une formation « théorique et pratique en psychopathologie clinique ».

Outre qu’on ne saurait définir par la loi les conditions de formation préalables à l’exercice d’un fonction dont la décision du ressort éthique, non seulement le projet de décret d’application de cette loi sur le titre de psychothérapeute aggrave son aspect contradictoire mais prétend à nouveau donner une définition officielle de ce que serait une psychothérapie et ses critères de formation en psychopathologie selon un « cahier des charges ».

Ce cahier des charges, issu des services de la Direction Générale de la Santé, par son ampleur et ses incidences sur de nouveaux diplômes à venir (dont un nouveau master de psychopathologie clinique) vient non seulement modifier par la contrainte réglementaire le formation initiale que psychologues reçoivent dans les facultés de sciences humaines (en particulier ceux qui ont choisi l’enseignement en psychopathologie orienté par la psychanalyse), mais vise ni plus ni moins à recomposer la totalité du champ psy.

En effet, il introduit une nouvelle filière professionnelle de psychothérapeutes non pas formés à la psychothérapie mais formatés, pluri référencés à quatre psychothérapies « validées scientifiquement » : la psychothérapie analytique, systémique, cognitivo-comportementale, intégrative. A quelle formation peut prétendre un tel amalgame, sinon à un saupoudrage qui, au bout du compte ne peut qu’être déqualifiant ? Comment ne pas voir dans ce projet de formation « minimale » hétéroclite non seulement le retour des « thérapies très codifiées », médicalisée chères aux tenants de l’amendement Accoyer et du Plan Cléry-Melin , mais la volonté réitérée d’instituer des thérapeutes sous formés, sans doute sous rémunérés, réduits à devenir ces « accompagnants en santé mentale » que le ministre Xavier Bertrand appelait de ses vœux ?

Au travers de ce projet de décret, ce qui est visé est non seulement la fin du droit de chacun de choisir son psy, mais également la disparition des psychologues et de leur autonomie professionnelle au profit de ces nouveaux psychothérapeutes paramédicaux. Ceux qui seront certifiés conformes aux « bonnes pratiques », dans la ligne hygiéniste et normalisatrice du Plan Psychiatrie et Santé Mentale : les quatre psychothérapies standardisées, réduites à des techniques de soins prescrites selon le parcours de soins en santé mentale, par le médecin généraliste ou le psychiatre expert. Celles qui ignorent le transfert qui conditionne le désir du sujet singulier dans sa relation à l’Autre et font fi d’une pratique soutenue par une éthique.

Au fond, au-delà de la profession de psychologue, ce qui est menacé dans son existence même est cette clinique freudienne dans sa diversité, son inventivité et ses effets thérapeutiques non conformes. Celle que soutiennent ceux qui sont orientés par la psychanalyse. C’est pourquoi ce projet de décret est inacceptable.

Michel Normand,
Membre de l’Association des Psychologues Freudiens
et de l’Association InterCopsychos (Collectif de Loire-Atlantique et Vendée)

07/02/2006



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